Lors du Conseil municipal du 22 mars a eu lieu le débat et le vote sur le Budget Primitif 2012 de la ville de Charenton.
Je vous propose le texte intégral de mon intervention
au nom du groupe des élus "Réunir Pour Changer à Charenton"
Mesdames et Messieurs,
Chers (es)
Collègues,
C’est avec
une certaine émotion que vous nous aviez indiqué lors du Débat d’Orientation Budgétaire
une baisse de 2% du budget de fonctionnement. Par un flou volontaire, vous ne
parliez semble-t-il que de nos pauvres services, nous nous attendions donc à
une baisse considérable de ce budget et voilà qu’il nous est présenté à la
hausse.
Cette
hausse est d’autant plus inattendue que vous avez compressé toutes les
largesses que vous vous permettiez les années précédentes dans l’estimation des
dépenses qui, pour la plupart, n’étaient jamais atteintes.
Vous
demandez aux services de se contraindre, vous comprimez les estimations et vous
arrivez tout de même à une augmentation du budget de fonctionnement.
Ce n’est
pas ce que vous aviez indiqué lors du dernier débat budgétaire, en fait la
réalité vous rattrape.
Pour
illustrer cette situation, prenons un exemple emblématique car il concerne la
plus grande part de notre budget de fonctionnement, je veux parler du compte
012 celui du « personnel communal ».
Malgré l’augmentation
indiciaire automatique, les recrutements opérés au pôle jeunesse et les scrutins
électoraux qui se dérouleront cette année vous présentez un compte qui, selon
votre prévision budgétaire, devrait être en
baisse de près de 1 %.
En vérité,
loin d’être une véritable baisse de ce poste la réalisation budgétaire nous
démontrera, soit que cette prévision est fausse, soit qu’il s’agit d’un simple
ajustement aux réalités constatées, ce qui n’était pas le cas les années
précédentes.
Mais qu’en
vérité rien ne change.
En tout
état de cause, nous constatons que vous n’avez pas cédé aux reproches de notre
président-candidat qui insinue que notre fonction publique territoriale serait
la cause des problèmes budgétaires de la France et ne prévoyez pas de supprimer
un fonctionnaire sur deux.
Dans la
même logique nous constatons une stabilisation du compte 6531 :
« indemnités des élus ». En effet, vous avez, avec raison, décidé de
garder le même nombre d’adjoints et n’avait pas cédé aux reproches de notre
même président-candidat qui insinue que nos exécutifs, donc le votre aussi,
seraient pléthoriques.
A
l’inverse, nous regrettons l’absence totale de négociation avec la RATP, sur le
financement de la ligne 109, dont la participation reste à niveau beaucoup trop
élevé et dont le service devrait être renforcé et amélioré.
J’ai pour
ma part rencontré les représentants du STIF pour m’en entretenir, j’ai avancé des
demandes, émanant des résidents du quartier de Bercy notamment, sur la fréquence
de ce bus en fin de semaine, sur le prolongement de son terminus et sur le
financement demandé par la RATP.
Il est vrai
que si j’avais le soutien de l’autorité municipale dans mes démarches elles
n’en seraient que plus fortes. Mais je ne l’ai pas.
Dans le
compte « services extérieurs » (6288), nous pouvons lire que les
activités du soir en élémentaires (ex-contrat bleu) coûtent à la ville 15.453
€. Cette dépense paraît tellement infime au regard du budget que nous nous
interrogeons sur les raisons qui vous poussent à ne pas donner à ce service à
la population un dimensionnement qui permettrait d’inscrire tous ceux qui le
demandent et aux dates qui leur conviendraient.
Surtout
quand nous mettons cette dépense en parallèle avec les prêts de 200.000 € que
nous coûtent les fleurs et les plantes à l’année.
Une fois de
plus vous actionnez votre variable d’ajustement préférée, je veux parler de
l’entretien de notre ville et de son patrimoine en nous proposant une baisse de
plus de 6% de ce poste au regard du BP 2011.
Nous
voulons saluer, à travers le compte 611,
votre volonté de réserver 30 berceaux supplémentaires dans une éventuelle
nouvelle crèche tant le besoin exprimé par nos concitoyens est important.
Pourtant
aucun élu, de base, ici présent ne connaît ni l’exploitant ni leur localisation
dans la ville.
Toutefois,
nous nous interrogeons sur votre capacité, inscrite au budget, de faire baisser
le coût de ces nouveaux berceaux de 20 % en le faisant passer de 13.600 € annuels,
payé par berceau à l’actuelle crèche privée sous contrat, à 11.100 €. Cela nous
semble pour le moins ambitieux pour ne pas dire irréaliste.
Le compte « Fêtes
et Réception », 6322, nous indique lui que pour 3 semaines de patinoire la
ville dépensera 95.000 €, que pour la même période elle dépensera 55,000 € pour
les animations d’été et que pour une seule soirée, celle des vœux du maire,
elle en dépensera 70.000. Nous croyons qu’il est temps de redonner une valeur à
chaque chose et qu’il revient à nos dirigeants de montrer l’exemple.
Concernant
le compte 6574 qui concerne « le subventionnement aux associations »
vous nous avez indiqué que la très forte baisse constatée (-14,63%) serait liée
à la diminution de la subvention versée à l’ALIAJ.
Mais de
deux choses l’une où l’ALIAJ a perdu la plupart de ses prérogatives municipales
parce qu’elles auront été intégrées au service jeunesse où elle en garde le
plus grand nombre. Mais vous conviendrait qu’une subvention maintenue à près de
350.000 € reste très importante et que de ce point de vue, la gestion des
deniers publics semble pour le moins défaillante.
En
définitive, les dépenses de fonctionnement qui voulaient afficher une baisse
affiche une hausse, sans rien renier au train de vie de la collectivité.
Voilà dans
les grandes lignes les quelques remarques que nous pouvions faire sur les
dépenses de fonctionnement.
Quant aux
recettes de fonctionnement, le premier élément à noter est une hausse continue,
et au-delà de la simple inflation, de toutes les charges qui pèsent sur les
Charentonnais :
-
+
6,5% sur les cantines,
-
+3,25%
sur la piscine,
-
+17%
sur les cimetières,
-
+
12% sur la taxe sur l’électricité,
-
+
39% sur la taxe locale sur la publicité extérieure.
Cela vient
s’ajouter à une augmentation des recettes reçues au titre des impôts locaux.
En résumé,
tous les services augmentent au delà de l’inflation, les taxes diverses et
variées connaissent une envolée et les recettes de la fiscalité directe
augmente aussi…
Et il
s’agirait de faire croire aux Charentonnais que la ville ne les taxe pas plus
d’année en année ?
Il faut se
rendre à l’évidence vous appliquez la même stratégie qu’au niveau de l’Etat :
un affichage fiscal qui semble ne pas augmenter et une taxation de fait
toujours plus importante.
Franchement
cela commence à se voir !
Il y a
quand même un point qu’il vous faudra justifier j’allais dire légalement.
Au détour
du compte 70846, nous apprenons que vous avez décidé de suspendre une
convention, pourtant votée dans cette Assemblée donc exécutoire sauf à nous en redemander
notre avis.
Il s’agit
de la « mise à disposition de personnel » au profit de la Communauté
de Communes. Par le simple fait des princes vous vous arrogeriez le droit de
disposer de 226.000 € , vous vous autoriseriez à ne pas recouvrir une
créance due à la ville ?
Nous vous
prions de respecter les décisions du Conseil municipal et de revenir vers nous
pour, le cas échéant, dispenser tout créancier, fut-il la Communauté de
Communes, de régler ces dettes envers la ville de Charenton et de nous en
exposer la justification.
En matière
d’investissements, maintenant :
Il est vrai
que lorsque l’on se penche sur cette partie du budget, on en a le souffle
coupé.
Etre en
capacité d’investir près de 30 M d’€ sans avoir recours à l’emprunt, donc sur
ses seuls fonds propres, relèverait d’un dynamisme fiscal de notre ville à
faire pâlir tous les Conseils municipaux de France.
En vérité
votre budget d’investissements est un budget d’affichage et totalement faux
dans la projection de sa réalisation.
Vous
annoncez donc près de 30 M€ d’investissements. Je vous affirme aujourd’hui que
vous n’en ferez même pas la moitié, en fait, peut-être le tiers.
Entrons
dans le détail :
Il nous faut
d’abord éliminer les opérations d’ordre pour 3,5 M€, qui font partie de simples
transferts ou d’imputations comptables.
Mettons aussi
de côté l’opération Gabriel Péri, de plus de 5 M€ et qui s’équilibre à 0 avec
une recette inscrite l’année dernière, qui provient des largesses consenties au
promoteur de cette zone.
Nous en sommes
déjà à moins de 21,5 M €.
Vous nous
inscrivez 1,4 M€ pour l’école R. Desnos et les bâtiments qui la touchent quand
vous savez que vous en réaliserez peut-être 200.000 € cette année en nous ayant
déjà promis de réaliser ces travaux l’année dernière.
Il reste environ
20 M €.
Vous
inscrivez l’achat de la parcelle de M. Delcher pour 2,3 M€ quand vous savez que
l’achat ne se réalisera pas sur l’année 2012.
Nous sommes
déjà tombés à moins de 18 M€.
Quand nous
ajoutons, le centre ville, le parking de Valois et le reste qui ne seront pas
entièrement ou partiellement réalisés sur 2012.
Je vous
confirme que le tiers de votre budget d’investissements sera peut-être réalisé
en 2012.
Et alors
nous retomberons dans le budget habituel de notre ville, certes légèrement
supérieur, qui continuera à nous placer dans la moyenne des villes de 20.000
habitants pour ses investissements.
Alors comme
nous apprenons toutes ces prétendues dépenses lors de la présentation du budget
il faut se demander :
A quoi servent les Commissions
municipales et la commission Environnement Patrimoine et Cadre de Vie en particulier ?: j’ai envie de dire A RIEN ou à pas grand chose.
En effet, nous
apprenons au détour d’une phrase ou d’une réponse que des projets majeurs sont
soit abandonnés, soit profondément modifiés.
Quelques
exemples ? :
- La
Crèche V. Hugo est paraît-il abandonnée ;
- Pour
l’école J. Jaurès, rue A. France, 1M € de dépenses inscrites au budget, sans
qu’aucune commission n’ai été saisie d’un quelconque projet ;
- L’aménagement
du Centre ville : voilà qu’au détour d’une phrase nous apprenons qu’il est
mis fin au projet de bâtiment destiné au 3ème âge et que les locaux
des élus sont baladés d’un site à un autre dans la ville ;
- La
voute du Commandant Delmas prévue 350.000 € dont on ne sait pas même le
commencement de l’idée de ce que vous souhaitez y faire ;
- Enfin,
le Parking de Valois inscrit pour 500.000 €, dont le passage en parking
public est demandé par notre groupe depuis des lustres, le deviendrait mais
sans aucune réflexion, ni anticipations sur les besoins de nos concitoyens.
C’est donc
la décision d’un seul homme ou d’une équipe très réduite. Sans savoir où l’on
va, sans savoir ce qui va être fait, pire dans l’imprécision et parfois dans l’erreur
qui semble guider les investissements de notre ville.
Comprenons
nous bien, il ne s’agit pas d’une remise en cause du droit de l’Exécutif de la
ville. Mais le rôle de l’Exécutif est de décider de l’orientation, il doit
saisir la ou les commissions compétentes, il doit entendre les réflexions des
élus y siégeant et ensuite il peut en conscience décider.
Aujourd’hui,
l’Exécutif de notre ville décide de l’orientation, prend la décision finale,
parfois il change même sa décision finale en cours de route, il passe les marchés
et les commissions n’interviennent QUE pour valider l’ensemble et choisir parfois
l’architecte c’est-à-dire le minimum légal.
C’est un
fonctionnement que nous condamnons et souhaitons vous voir revenir à plus
d’ouverture et de concertation dans les grands, ou petits, projets qui
concernent notre ville.
Le plus
incroyable c’est au travers d’une ligne budgétaire que nous apprenons que vous
avez décidé de détruire l’école de la rue A. France. Il est vrai que tout
occupé à défendre la façade du lycée J. Jaurès les citoyens de notre ville
n’ont pas vu arriver, parce que pas informés, le fait qu’un autre bâtiment,
celui-là remarqué lors d’une exposition universelle (que çà !) de la fin
du 19è siècle, allait purement et simple être détruit par votre boulimie
immobilière.
En
définitive, la ville devient une grande agence immobilière dans laquelle tout
est à vendre, plus les budgets s’enchaînent et que les projets s’annoncent plus
vous semblez vous enfoncer dans une course folle à la vente du patrimoine
communale.
Tous ce qui
ne rapporte pas devient inutile.
Avec le
corolaire immédiat qui est votre complicité dans la flambée des prix de
l’immobilier, dans l’absence de projets structurants et dans l’abandon de pans
entiers de la ville.
Nous
attendions dans ce budget des mesures spécifiques liées à la crise que les
Français et nos concitoyens connaissent, pas un budget « Bling
Bling », fait d’opérations de prestige en déphasage avec le moment.
Vous
construisez des écoles là où d’autres existent déjà. Vous avez
privilégié l’hyper centre, celui que vous voyez de vos bureaux, en oubliant que
nos quais et que nombres de nos rues auraient d’abord besoin d’opérations
d’urbanisme et de restructurations.
Le budget
primitif que vous nous proposez :
- N’affiche
aucun effort en direction du C.C.A.S. et des services sociaux, quand nous
vivons une crise sociale sans précédent ;
- Rien,
sur la nécessaire restructuration du Centre A. Portier, quand la population qui
le fréquente devrait attirer toute notre attention ;
- Une
énième étude sur la piscine quand nous devrions être au stade de la décision
tant sont état et son coût le demande,
- Rien
dans la catégorie « aide à la pierre » et en direction de la construction
de logements aidés, quand plus de 1.000 demandes de logement s’empilent au
service habitat.
- Que
dire sur les logements d’urgences que la loi vous oblige pourtant à créer et
qui semblent ne pas faire partie de vos préoccupations,
- Rien
sur les pistes cyclables et leur aménagement cohérent dans l’ensemble de la
ville, alors que la demande est de plus en plus importante ;
- Rien
sur la redéfinition du parcours et de la fréquence de la navette municipale, ni
même sur le type de bus à utiliser quand nous constatons tous les jours son
inadaptation et son impact carbone ;
- Un
vide sur les attentes de nos concitoyens sur la rotation et la desserte des bus
de la RATP sur notre ville,
- Enfin
et ce n’est pas le moins, aucune étude ou début d’investissement afin d’accélérer
le processus de protections phoniques le long de l’A4, quand les partenaires
sont là, il qu’il faudrait devenir insistant et offensif ;
Plus qu’à
l’habitude le budget que vous proposez marque une véritable rupture entre notre
conception du service à rendre à notre population et la votre.
Nous
rejetons ce budget et émettrons un vote négatif.
Je vous
remercie de votre attention.
Offensif, argumenté, de gauche : Bravo M. Bellaïche !
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