lundi 28 mai 2012

Le compte administratif 2011 de la ville de Charenton

La vie financière d'une commune se décompose en un Budget Primitif (prévisionnel) et un Compte Administratif (réalisé).
Lors de  la séance du Conseil municipal du 24 mai dernier, nous avons étudié le Compte Administratif, donc la réalité des dépenses et des recettes de la ville de Charenton pour l'année 2011. 
Je vous propose l'intégralité de mon intervention au nom du groupe des élus "Réunir pour Changer à Charenton" :

Mesdames et messieurs,  
Chers (es) Collègues,

Alors que les dirigeants de l’Europe se réunissent pour prôner, pour la plupart, l’idée de croissance, il nous est proposé de porter un jugement sur un compte administratif qui en est à l’opposé.
 
En fait, c’est presque logique puisque la rigueur est votre démarche quand les français eux ont souhaité exprimer la volonté d’aller dans une autre direction.
Notre pays connaitrait donc un îlot d’irréductibles qui seraient en mesure, avec une certaine fierté, de présenter des comptes publics avec un excédent, une marge bénéficiaire dirait-on dans le privé, de près de 11 %. C’est presque digne d’un fond de pension voire d’un Hedge fund.
En même temps, si ce résultat n’étaient pas du à un excès de renoncement, il pourrait être présenté comme une saine gestion.
Mais comment justifier, en gardant un certain crédit, que sur un budget global de 78 M d’€ l’on puisse expliquer que vous avez pu thésauriser près de 8,5 M d’€.
En effet, mesdames et messieurs le revers de la rigueur c’est le renoncement.
Renoncement d’abord dans la fiscalité locale, alors que vous avez choisi, il y a deux ans d’augmenter les impôts directs de 10 %, ce qui selon vos propres dire devait rapporter moins d’1 M. d’€, vous pourriez aujourd’hui nous expliquez que vous avez un excédent de 8,5 M d’€ ?
Cette même fiscalité directe, c’est à dire les impôts que paient directement les Charentonnais, augmentant encore en 2011 de plus de 3 % c’est encore un autre million d’euros qui leur a été ponctionné.
Permettez-nous de vous demander : ces 2 M d’€ pourquoi ne pas les avoir laissé dans la poche des Charentonnais puisque vous n’en aviez pas l’utilité ?
Voilà, encore une fois, un mythe qui continue à s’effondrer la fiscalité augmente à Charenton, mais cette fois avec le corolaire que cela ne sert en rien les projets de la ville puisque cet argent ne va pas dans des investissements qui seraient réalisés au profit des Charentonnais puisqu’au bout du compte sans ces augmentations la ville de Charenton aurait eu un bénéfice n’ont pas de 8,5 M d’€ mais seulement, si j’ose dire, de 6,5 M d’€.
En allant un peu plus loin dans l’analyse de nos recettes nous constatons qu’une tendance se dessine : Dans notre fonctionnement la part des dotations de l’Etat ne cesse de baisser et celle de la fiscalité directe ne cesse de progresser, alors que dans nos investissements c’est les collectivités présentées par votre majorité comme dépensières voire irresponsables, la Région et le département, qui apportent la plus grande part de nos recettes.

Le résumé de nos recettes pour 2011 se caractérise donc par un triptyque : augmentation de l’impôt direct, baisse de la part des subventions d’Etat et forte augmentation du soutien apporté par la région et le département.

Çà c’est pour la partie des recettes.


En matière de dépenses de fonctionnement le renoncement est à tous les étages, si je peux me permettre cette image.

En premier lieu, vous en félicitez surement, cela nous afflige, le premier poste de dépenses, celui des charges de personnels est en baisse, n’ont pas seulement par rapport au prévisionnel mais par rapport à 2010.

Là encore, si nous étions dans une entreprise les actionnaires pourraient être satisfait d’une telle maîtrise, mais là il s’agit des vrais gens qui sont là pour servir la population et offrir un service public. Nous savons que nos services municipaux hurlent de manquer de monde, nous savons que des besoins à la fois techniques, sociaux, scolaires et autres souffrent de sous effectif et voilà que votre logique est la compression quand il faudrait la satisfaction.
Si nous étions contraints cela serait légitime, mais force est de constater qu’il ne s’agit là que de l’application d’un dogme plutôt que la mise en œuvre d’une politique voulant faire face efficacement.
Remarquez une fois que cette dépense est fixée à ce niveau cela règle la plus grande partie des dépenses de fonctionnement puisque ce poste en représente à lui tout seul près de 58 % et que malgré ce recul la part qu’il occupe dans nos dépenses de fonctionnement est sans cesse plus grande. Voilà encore un autre paradoxe !
Comme si cela ne suffisait pas, vous avez décidé de tailler dans le poste, au combien essentiel, de l’entretien et de la maintenance de nos bâtiments pour le ramener à son plus bas niveau depuis 2006. Avec les conséquences que nous pouvons imaginer pour l’avenir, car des bâtiments pas entretenus c’est une plus grande dépense pour l’avenir, un confort d’utilisation qui baisse et une sécurité qui peut devenir un problème.

Il y a toutefois un secteur que vous avez décidé de ne pas sacrifier, et c’est tant mieux, c’est celui des fêtes et cérémonies qui, à l’exception des 75.000 € que coutent les vœux du maire, vont dans le bon le sens pour l’animation de la ville.

Pour le reste c’est simple tous les dépenses pour services rendus à la population stagnent ou sont en baisse. Et comme l’inflation et les prix des prestataires n’ont pas cessé d’augmenter le constat est simple vous avez mis un coup d’arrêt dans l’amélioration du service public qui est pourtant notre seule raison d’être.


Pour les dépenses d’Investissements, le renoncement s’affiche plutôt dans des illusions perdues.

Comme nous le disions lors du débat sur le Budget Primitif, vous avez fait du budget d’investissements un grand événement de communication qui se dégonfle à chaque Compte administratif.

C’est avec de grands roulement de tambours que vous nous aviez annoncé près de 15 M d’€ d’investissements pour l’année 2011 et voilà que vous en avez réalisés un peu plus de 8, soit à peine 60% et même si nous intégrons les « reste à réaliser » nous dépassons péniblement les 70%.

En définitive si nous ôtons de ces dépenses celles qui sont liées à l’école des 4 vents, qui s’équilibre en recettes et en dépenses, nous revenons à nos 7 millions annuels, dont rappelons nous près de 3 sont financés cette année par la Région et le département.
Tout ceci ressemble à s’y m’éprendre à une peau de chagrin.

Dans le même temps, et nous l’avons exposé lors du budget primitif, nous aurions pu lancer des politique ambitieuses
:
- En direction du C.C.A.S. et des services sociaux, quand nous vivons une crise sociale sans précédent ;
- En faveur du développement de l’emploi et de la formation ;
- Afin de restructurer les Centre A. Portier et Valmy, quand la population qui le fréquente devrait attirer toute notre attention ;
- Nous inquiéter de la baisse vertigineuse de fréquentation de notre piscine et envisager une autre alternative ;
- Aller en direction de la construction de logements aidés, quand plus de 1.000 demandes de logement s’empilent au service de l’habitat ;
- Aller en direction des logements d’urgences que la loi vous oblige pourtant à créer et qui semblent ne pas faire partie de vos préoccupations ;
- Dans la réalisation de pistes cyclables et leur aménagement cohérent dans l’ensemble de la ville ;
- Ce poser la question de notre navette municipale, notamment sur le type de bus à utiliser et son impact carbone ;
- En direction des attentes de nos concitoyens sur la rotation et la desserte des bus de la RATP sur notre ville ;
- Enfin et ce n’est pas le moins, sur l’accélération du processus de protections phoniques le long de l’A4, d’abord, et des voies SNCF.
Sans impôts supplémentaires vous pourriez donner à notre ville un autre service public celui que vous nous présentez aujourd’hui est fait de rigueur et de renoncement.

Nous rejetons politiquement ce compte administratif.

Je vous remercie de votre attention.

1 commentaire:

  1. Instructive analyse d'un compte administratif pour le béotien que je suis. Merci pour la leçon !

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