Lundi 9 février 2015, s'est tenu le débat d'orientation budgétaire (DOB) de la Communauté de Communes de Charenton/Saint-Maurice. Il s'agissait probablement du dernier DOB de notre Communauté de Communes qui devrait être intégrée dans une intercommunalité plus grande dès le 1er janvier 2016 et la création de la Métropole du Grand Paris. Il m'a semblé important à la fois de faire un bilan (maigre) de notre Communauté qui aura durée 11 ans et d'envisager l'avenir en proposant la fusion de nos deux communes.
Je vous propose de lire le texte de mon intervention au nom de l'opposition inter-communale :
Monsieur le Président,
Mes chers
collègues,
En introduction, avant de rentrer
dans le vif du débat d’orientations budgétaires à proprement parler, je voulais
vous renouveler ma surprise permanente, à chaque fois que je viens en
Communauté de Communes, d’être le seul élu de l’opposition. C’est vraiment très
intrigant. Dans toutes les autres réunions où je vais, jamais l’opposition
n’est seule, comme ici. Les Maires de Charenton et de Saint-Maurice, comme les
équipes municipales, ont été très bien élus en mars dernier, mais je n’ai pas
noté qu’ils avaient été élus à plus de 95 %. Pourtant, aujourd’hui, je ne
représente que 4,5 % de ce Conseil. J’insiste : ce n’est pas la loi qui fait
cela, mais le choix du nombre de Conseillers communautaires qui fait que je
suis seul, alors que je n’ai pas le sentiment d’être, à moi tout seul, toute
l’opposition de nos deux villes. Je n’ai pas non plus le sentiment que
l’opposition que je représente puisse être ramenée à une personne, dans une
structure comme celle-ci. J’avais besoin de le dire, parce que j’en suis
toujours surpris quand je viens en réunion de Communauté de Communes.
Pour revenir au thème de notre
réunion, comme à son habitude, monsieur le Vice-Président vient de nous faire
une présentation de qualité. Même si elle n’était en rien polémique, il est
clair que son parti-pris m’oblige à donner à notre débat une autre lecture.
Avant cela, je voudrais remercier les services pour le travail technique réalisé
dans le document budgétaire qui nous est proposé, et qui est d’une grande
qualité.
S’il est vrai que l’Etat sollicite
la contribution des collectivités pour redresser les comptes de la Nation, il
est vrai aussi qu’il serait anormal, aux yeux du pays, qu’elles soient
épargnées par l’effort national entrepris. Vous semblez vous lamenter, comme
beaucoup d’autres dirigeants de collectivités, toutes tendances confondues, de
la baisse des dotations de l’Etat, et c’est bien compréhensible. Il nous est demandé
de faire autant, si ce n’est plus, avec moins. Toutefois, dans le même temps,
il paraît bien normal que les collectivités contribuent ainsi au règlement du
chaos budgétaire que connaît notre pays, qui paye des décennies de
laisser-aller financier.
Pourtant, depuis maintenant des mois
et des mois que nous vous entendons prédire que le pire allait nous arriver, il
nous faut constater que les recettes de la Communauté de Communes sont en
hausse, aussi incroyable que cela puisse paraître à l’écoute de vos plaintes
répétées et de l’intervention de monsieur le Vice-Président.
Soit nous sommes
gérés à vue, soit il était faux de crier au loup si tôt. Je vous prie de
vraiment croire qu’il n’y a pas de soutien de ma part à une quelconque
politique nationale.
Il s’agit seulement de la lecture des analyses budgétaires
contenues dans le document de qualité dont je viens de parler. On peut voir, en
effet, que de 2011 à 2014, c’est 11,61 % d’augmentation des recettes issues des
contributions directes, et 7,76 % pour toutes les recettes confondues. Quant à
nos épargnes, qu’elles soient brutes ou nettes, les seuls éléments qui les
rendent quasiment égales pour la même période, aux environs de 2,3 M€ entre
2011 et 2014, ce sont les reversements qui ont été faits au profit des Communes
membres. Sans ces reversements, en 2014, nos épargnes auraient quasiment
doublé.
Nous assistons donc à un jeu de
passe-passe qui fait que, tantôt, nos Villes abondent la Communauté de Communes
et, tantôt, c’est la Communauté de Communes qui abonde nos Villes. Quand il nous
faut regarder cela, il nous faut donc intégrer l’ensemble des éléments
budgétaires des Villes pour voir que le schéma qui nous a été présenté, à 2014,
n’est pas aussi sombre que l’on a voulu nous le dire depuis 2011. Quelqu’un
disait : « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ». Là, c’est une meute qui
s’exprime, tant votre politique financière est sinueuse et, permettez-moi de le
penser, réalisée « à la petite semaine » ou, plutôt, « au petit trimestre ».
Vous pleurez, mais en réalité, comme je viens de le dire, à l’arrêté des
comptes, au 31 décembre 2014, nous devrions être satisfaits, d’un point de vue
purement budgétaire. Je sais : cela vous semble presque loufoque de l’affirmer.
Pourtant – et je vous invite à vous reporter à vos documents – les chiffres
sont là, et bien là.
Nous savons qu’en
2015, cela risque de changer de profil, cette fois pour de vrai. Ce n’est pas
grave, allais-je dire, car, comme vous le savez aussi, la fin de notre
Communauté de Communes est programmée pour le 1er janvier 2016.
Nous sommes donc
dans la dernière année de plein exercice, et vous avez décidé, pour le moins,
de ne pas la rendre utile.
Si vous me le
permettez, regardons, au seuil de la vie de notre Communauté, où nous en
sommes.
Malheureusement, nous avions cru au lancement d’une nouvelle dynamique
culturelle, mais ce qui aurait pu être un succès a été ramené à sa portion
congrue. Votre ambition culturelle est symbolisée par un acte : la fermeture
d’un théâtre sur nos deux villes. C’est, effectivement, tout un symbole.
Je
veux quand même saluer le travail de nos élues en charge de ce dossier, car
avec de moins en moins, et avec leurs services, elles ont tenté de faire bien
avec le peu qu’on leur donnait.
Pour le ramassage
et le traitement des déchets, poste principal de dépenses de la Communauté de
Communes, là aussi, nous nous demandons pourquoi nous avons créé ce que
j’appelle cette « Communauté des déchets ». En effet, après plus de 10 ans de
politique commune, nous n’avons toujours pas d’unité dans les couleurs des bacs
de tri. Nous n’avons tiré aucun avantage, ou très faible, de notre union en
termes de tri. C’est tellement vrai que la taxe d’ordures ménagères n’a pas
baissé et que nos concitoyens ont continué à la payer de façon importante. Cela
n’enlève pas le fait que nous avons tous constaté : vous avez mieux organisé le
ramassage. C’est bien, mais ce n’est quand même pas énorme, comme avantage,
pour ce qui est le premier poste de notre Communauté.
Si nous avions
connu des espoirs sans lendemain, nous avons aussi constaté de graves échecs,
tout d’abord économiques avec, d’une part, une hausse vertigineuse de la
fiscalité sur les petites entreprises – cela a été le passage de la taxe
professionnelle à la CET et à la CVAE – et, d’autre part, le dossier de Bercy,
qui en est exactement au même point qu’il y a 10 ans.
Pour notre part, il
s’agit là d’une véritable faute au niveau politique.
Sur les aspects environnementaux,
les problématiques de bruit n’ont pas été réglées, qu’il s’agisse du bruit
quotidien ou, surtout, des protections phoniques le long de l’autoroute A4, que
nous attendons toujours. Sur la politique du logement, je ne reviendrai pas sur
le fait que le PLU (Plan Local d’Urbanisme) intercommunal n’a jamais vu le
jour, mais comment comprendre que nous n’atteignions toujours pas le bas de la
fourchette obligatoire en matière de logements sociaux, c’est-à-dire 25 % ? Je
parle du bas de la fourchette, car je me permets de vous rappeler que le Schéma
directeur de la Région Ile-de-France prévoit, lui, un minimum de 30 %.
En fait, vous avez décidé de continuer, encore, à
faire un petit peu.
Il me faut
toutefois reconnaître que vous avez lancé des opérations, bien lentes à sortir
de terre, et qui permettront, une fois de plus, de régler une partie du
problème de logements sociaux, en construisant ce type d’habitats le long de
l’autoroute A4. C’est à l’image de l’opinion qui semble être la vôtre : pour
vivre dans un logement aidé dans nos villes, il faut vivre avec le bruit – et
quel bruit ! Et si vous n’êtes pas satisfaits, en plus… Je vous laisse écrire
la suite.
Je tiens à votre disposition toute une liste d’urbanistes qui
pourraient vous aider à remplir vos obligations en matière de logement social,
sans pour autant traiter les habitants de ces logements avec une telle
désinvolture.
Je ne m’étendrai
pas sur les activités de loisirs extrascolaires, tant elles ont été l’inverse
de ce que nous attendions. Elles ont été caractérisées par une explosion des
coûts pour les familles, par une politique d’inscription que nous qualifierons
d’aléatoire et par l’amplification des différences sociales par l’application
d’un quotient familial à la fois injuste et incompréhensible.
Parce que nous nous
connaissons, je sais que votre réponse sera, une fois de plus : « Mais ce n’est
pas notre faute ». Ce sera, bien sûr, la faute de l’Etat, la faute de Paris et,
comme je suis là, la faute de la Région. Quand vous aurez fini d’égrener la
litanie des responsables, j’espère que vous terminerez en nous expliquant
comment les autres collectivités ont fait pour y arriver. Et surtout, si vous
étiez à ce point dans l’incapacité de faire avancer des dossiers que de
nombreuses villes ont su, elles, faire aboutir, comment vous jugez-vous,
vous-mêmes, sur votre capacité à répondre aux attentes de nos populations et à
vous battre avec succès pour leur satisfaction ?
Je voudrais faire un tout petit
arrêt, si vous le permettez. En ce moment, au niveau régional, nous sommes en
train de discuter le CPER (Contrat de Plan Etat – Région). Or, je n’ai pas vu
d’inscription de Charenton dans les demandes par rapport aux protections
phoniques le long de l’A4. Je vous assure que je n’ai vu aucun dossier sur ce
point, et je suis en train de me battre pour le réintroduire, en ce moment.
J’espère pouvoir vous annoncer une bonne nouvelle, mais je ne m’y avancerai
pas, pour l’instant.
En revanche, j’ai vu que l’Ecole vétérinaire et que le
Maire de Maisons-Alfort s’étaient battus et avaient fait venir monsieur LE
FOLL, Ministre de l’Agriculture, ainsi qu’une Vice-Présidente de la Région.
Dans le CPER, sont inscrits 45 M€ pour la rénovation de l’Ecole vétérinaire.
Tout cela pour vous dire qu’à partir du moment où on se bat réellement, ce
n’est pas une question de montant ; c’est une question de rapport de force que
l’on crée avec les administrations ou les interlocuteurs que l’on a en face.
Monsieur le Président nous disait récemment que les plus grands chiffres
avancés pour la protection phonique étaient de 165 M€. Cela veut dire que pour
quelques bâtiments, certains élus trouvent 45 M€ pour pouvoir les rénover alors
que nous, depuis 30 ans, nous sommes dans l’incapacité d’en trouver une
centaine pour protéger du plus gros bouchon d’Europe. J’espère que j’arriverai
à le faire inscrire dans le CPER.
Maintenant, il faut
nous demander ce que nous pourrions faire de ce travail de rapprochement entre
nos populations, de cette habitude, même partielle, que nous avons eue de
travailler ensemble, de ce temps et de tout cet argent public dépensés. Vous le
savez : pour nous, il nous faut à présent profiter de cette dynamique pour
lancer la fusion de nos deux communes.
Le moment ne peut être plus opportun.
Dans quelques mois, nos deux villes vont se noyer dans une intercommunalité de
plus de 300 000 ou 400 000 habitants – nous verrons.
Fusionner nous permettrait
d’y avoir plus de poids et de nous donner un avenir plus ambitieux au sein de
la Métropole du Grand Paris.
Fusionner nous permettrait de concrétiser notre
destin commun, de faire revivre notre histoire commune, qui se confond avec les
siècles passés, et de nous donner une vraie perspective commune pour l’avenir.
Sinon, à part avoir mieux connu des élus de Saint-Maurice – et avec plaisir –
si cela s’arrêtait comme ça, nous serions en droit de nous dire : « Tout ça
pour ça, et ça, ce n’est vraiment pas grand-chose ». Nous avons une chance
historique ; c’est de votre responsabilité de la saisir.
Ainsi donc, le
solde positif de notre Communauté de Communes, en plus de 10 ans, se résumerait
au Bras de Gravelle, à une partie du théâtre de Charenton, à une partie du
marché Emile Bertrand et au chemin de halage – seulement cela, pour une
administration de plus, une structure d’élus en plus, un Conseil et des
Conseillers en plus, sans oublier des commissions et des séances plénières
doublées d’autant. Tout ceci est tellement en contradiction avec vos souhaits
affichés de réduire les dépenses publiques, de lutter contre le millefeuille administratif,
d’être contre le cumul des mandats, etc., qu’effectivement, il est temps que
notre Communauté se termine.
Merci de
votre attention.
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