Débat d'Orientation Budgétaire
Ville de Charenton-le-Pont
Intervention de G-M BELLAÏCHE du 13 mars 2019
Mes cher(e)s collègues,
Rien de nouveau sur la planète collectivités locales.
Certes ce Gouvernement est un peu revenu sur les baisses générales des dotations aux collectivités locales, mais nous restons la cible et un facile bouc émissaire du déficit public national.
Et dire, que les collectivités locales forcées d’être financièrement vertueuses, en ayant l’interdiction absolue de créer un quelconque déficit, sont montrées du doigt par un État central qui, tout en nous demandant la vertu financière, se complet dans des déficits abyssaux. J’ai toujours trouvé intrigant que le débat National se focalise sur la baisse des déficits budgétaires. En effet, qu’il soit grand ou petit un déficit reste une dette créée pour l’avenir. Certes une grande ou une petite dette, mais une dette quand même qu’il nous faudra payer un jour ou l’autre.
Si je pense que nous sommes en phase sur ce diagnostic, nous avons deux points d’achoppement :
- le premier est général et véritablement politique. Il s’agit de la péréquation. Nous sommes incroyablement attristés, qu’après autant d’années, vous continuiez à penser que la péréquation ne devrait pas être et qu’elle nous punirait injustement.
Nous pensons exactement le contraire, la construction de nos territoires ne plus se faire sur la base du chacun pour soi.
Nous savons, au delà de la qualité ou de la gestion, que des territoires sont bien moins lotis que d’autres, et parfois particulièrement bien moins lotis.
Comment ne pas comprendre qu’une ville comme la notre ne doivent pas contribuer à la solidarité envers celles qui n’ont rien ou qui ont beaucoup moins ?
Nous n’adhérons à cet égoïsme territorial et nous vous invitons à regarder notre ville comme l’élément d’un ensemble qui doit se développer de façon équilibrée et harmonieuse.
- Le deuxième point d’achoppement dans nos analyses respectives est cette tendance que vous avez à présenter les suppressions de dotations en oubliant de précisez que toutes ces sommes, je dis toutes ces sommes, qui vous ont prises dans la poche droite vous les avez reprises dans la poche gauche des Charentonnais et des Charentonnaises.
L’effet combiné de l’augmentation automatique des bases et les augmentations ou créations d‘impôts, aboutit à une évolution positive de notre budget de façon quasi ininterrompu.
Donc, oui, nous n’avons pas à accepter d’être montré du doigt et pris en otage par le Gouvernement, et notre groupe a soutenu toutes les démarches et vœux émis dans ce sens, mais de là à sombrer dans l’égoïsme territorial et le catastrophisme il y a un pas que nous ne franchissons pas pour notre part.
Notons à ce stade une vraie divergence dans nos analyses.
D’autant que vous avez choisi de faire de l’année 2019 une année solidaire et humaniste, j’ai presque l’impression en le disant de lire le titre du programme de Mme Bertrand !
Permettez-nous alors de vous inciter, presque vous provoquer, pour rendre tangible, ce qui pourrait être, sinon, interprété comme un coup de com’ de plus.
Quand on parle de solidarité et d’humanisme, le premier réflexe est de se tourner vers l’action sociale et son application.
La lecture du Rapport d’Orientation Budgétaire du C.C.A.S (Centre Communal d’Action sociale) est très intéressante à ce sujet et relativise cette démarche.
Nous l’avons déjà dit, il faut opérer un rééquilibrage entre les actions menées au profit de nos anciens et celles menées au profit des familles. Il ne s’agit bien sûr pas d’enlever à Paul pour donner à Jacques mais mieux prendre en compte les besoins des familles.
Rappelons-nous, pour bien comprendre les sommes qui vont suivre, que nos recettes budgétaires globales sont de l’ordre 70 Millions d’€ et que le budget du CCAS est de 1,5 M€.
Dans ce budget, nous pouvons suivre la mise en œuvre des nouvelles aides annoncées.
L’extension du Pass’sport à l’ensemble des collégiens, mesure que nous demandions et qui semblait presque exagérée venant de notre part coutera en définitive à la commune : 27,000 € de plus de précédemment.
Idem pour le « Pass’activité solo » qui aura un coup de 40.000 € et l’extension du Soutien à l’accueil des jeunes enfants pour un coup supplémentaire de l’ordre de 40.000 €.
Loin de nous l’idée de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Mais quand même, ajouter 100.000 € de dépenses à un organisme qui n’arrivait déjà pas à tout dépenser est-ce un acte de solidarité ?
Oui, bien sûr, mais ramené à sa portion congrue.
Vous savez, en ce moment dans notre pays, s’exprime un mouvement, dit des « gilets jaunes », sans revenir dessus, je veux simplement en tirer un élément : nous avons constater qu’il s’agissait de citoyens qui n’arrivaient à finir leurs fins de mois, en ayant pourtant un emploi.
Là, nous voudrions aborder l’impérieuse nécessité de revoir de fond en comble notre approche sur la tarification des services publics municipaux.
Bien sur, il vous faut étendre le principe du quotient familial à tous les services publics, le rendre plus équitable et proportionné là où il existe de façon un peu tronqué, mais aussi, et je pense au conservatoire notamment, là où il n’est pas encore mis en place.
Mais, parce que la population, dite des classes populaires et moyennes, nous l’exprime avec force aujourd’hui.
Aujourd’hui pour bénéficier du tarif le plus bas ou le second tarif de la grille, dans le cadre d’une famille traditionnelle avec les deux parents qui travaillent et ayant deux enfants, il faut pour le premier tarif avoir des revenus pour chacun des parents inférieur à 1.000 € par mois.
Qui dans cette pièce avec moins de 1.000 € par mois peut se payer autre chose que de faire survivre sa famille ?
Avec le Smic, qui se situe à 1.200 €, cette famille « type » passe dans la 2è tranche.
Même question, comment permettre à nos enfants de bénéficier de la restauration scolaire, d’une activité, de l’Espace jeunesse, etc… avec ce niveau de revenu et le coût qu’engendre l’actuel quotient familial ?
A notre niveau, nous devons impérativement entendre cet appel des français et la petite démonstration sur le coût réel de l’action sociale que nous venons de faire doit être notre guide pour relativiser l’effort que la collectivité doit entreprendre et nous montrer le chemin qu’il reste à parcourir.
Ce qui nous permet d’aborder un problème de fond, qui risque de nous emporter totalement dans la remise en cause que nous connaissons de notre rôle d’intervenant local.
Sommes-nous là pour offrir un service à la population ou pour rendre un service public ?
Au bout du compte le service sera rendu à la population…et pourtant, l’approche est diamétralement opposée.
La restauration scolaire, sous traitée,
Les crèches et haltes garderie de plus en plus sous traitées
La ramassage des ordures et la propreté de la ville sous-traitée,
Même la prévention est à présent sous-traitée,
Etc…
Par facilité, rapidité d’exécution, rentabilité, quelque soit la raison, souvent mauvaise, vous nous transformez en prestataire de service, loin de la notion de service public.
Alors allons plus loin dans votre logique, pourquoi ne deviendrions-nous pas une espèce de grande holding qui répartirai les marchés et les services à la population.
Nous aurions des clients, nous mettrions en place une notion de rentabilité et avec la puissance financière d’une commune nous pourrions même offrir des prestations très compétitives.
Rien qu’à mes propos vous comprenez que notre devoir est d’apporter un service public à nos concitoyens et pas seulement répondre à la satisfaction d’un besoin.
Parce que la notion de service public, même si nous crisons souvent sur les fonctionnaires, et consubstantielle à notre action et nos traditions.
Elle est signe de qualité, d’adaptabilité, d’écoute, d’égalité et d’évolution.
La facilité c’est la sous-traitance. Elle génère de plus en plus un regard consumériste quand il faudrait créer une notion de bien public.
Quoi qu’on en dise, les françaises et les français sont très attachés à leur service public, on l’entend tous les jours.
Se réfugier avec excès dans la sous-traitance c’est se tirer une balle dans le pied, c’est annihiler l’essence même de notre fonction de répartition de l’impôt, c’est laisser dire que nous sommes de moins en mois utiles et qu’il suffit, à un autre niveau, de déléguer nos compétences pour gagner en rentabilité et être plus forts dans les marchés confiés à la sous-traitance.
Ne soyons pas nous mêmes nos propres contradicteurs, ne nous donnons pas le bâton pour nous faire battre.
Si nous voulons affirmer avec force notre rôle de collectivité locale c’est dans le service public que nous le réaffirmerons, pas dans le simple service rendu au public.
Prenons l’exemple de la prévention, vous connaissez notre souhait de voir s’équilibrer les dépenses de sécurité et de prévention.
Mais, le fait que cette action soit sous-traitée brouille le message et son efficacité.
En effet, je vous le dis avec sérieux, j’ai été choqué de voir sur les réseaux sociaux une arrestation par notre police municipale d’un jeune dans les locaux de la prévention-médiation.
Comment créer un lien de confiance et d’adhésion, quand ces lieux ne sont pas, malgré la présence d’éducateurs spécialisés, sacralisés.
Qu’elle approche, quelle notion d’écoute, de protection ou de compréhension nous lançons dans ces situations ?
Une approche humaine, avec une connaissance parfaite du tissu local et une coordination locale dans des objectifs citoyens définis, voilà ce que nous apporterai un service public de la prévention.
Nous devons avoir une réflexion introspective, au delà du besoin immédiat, pour nous inscrire ou non dans la logique du service public.
Pour notre part, nous revendiquons le service public afin de rendre service au public, seule approche cohérente et facteur de cohésion.
C’est ce qui nous fait continuer à penser que l’organisation scolaire, par exemple, doit être regardé du point de vu de l’intérêt des personnes concernés, ici les enfants, avant de se poser la question de sa « rentabilité » économique.
C’est notre démarche environnementale, qui doit continuer à rester crédible et active, pour l’intérêt de la population. Avec, par exemple, la suppression du plastique, pourtant moins cher, ou la notion de « Famille zéro déchets » comme à Vincennes et Nogent ou encore finir, enfin, le parcours de pistes cyclable sur notre ville.
C’est aussi notre regard sur la culture, non comme un centre de coût, mais comme la possibilité de développer « l’esprit citoyen », de l’élever et le rendre apte à mieux comprendre le monde et ses contradictions.
Il y a manifestement des efforts qui sont faits pour améliorer l’accès à la culture, au travers de l’ouverture qui est faits aux élèves de la ville notamment. Cela doit aller plus loin encore et vers d’autres publics. Cette volonté d’ouverture ne devrait être qu’une première étape vers un processus qui fera du théâtre, de l’espace arts et liberté, du conservatoire, de réels vecteurs de la culture vers l’ensemble des Charentonnais et pas seulement des outils au service des écoles.
Le conservatoire et le théâtre particulièrement se doivent de sortir de leurs murs et investir l’ensemble des quartiers de la ville. Ça pourrait commencer avec un partenariat plus développé avec l’espace jeunesse.
Il nous semble nécessaire de développer une stratégie de développement un poil plus ambitieuse, et pour cela il faudrait évidemment y mettre les moyens adéquats. C’est bien d’aider à la création mais ce serait encore mieux d’aider aussi à la diffusion de ces œuvres, afin d’assurer un rayonnement culturel de la ville à l’extérieur et cibler des publics autres que Charentonnais.
C’est, aussi, notre vieux débat sur le besoin de décongestionner le collège public de Charenton, sans renvoyer ce problème à 15 ans. Pourquoi nos collégiens, génération après génération, auraient à subir cette promiscuité et garder de ce service public l’image d’un service au rabais.
Comme vous pouvez le constater la solidarité et l’humanisme ne s’improvisent pas et ont un sens profond.
Loin de nous l’idée de vous jeter la pierre de vous revendiquer de ces concept, au contraire, mais nous voulons vous affirmer que derrière les mots il y a un sens profond et que votre action, si elle s’en revendique, doit en tenir compte et notre constat est que vous pouvez mieux faire et vous devez mieux faire.
Je terminerai cette intervention par un élément qui n’a presque rien à faire dans ce débat, mais quand même. Il s’agit d’une interrogation sur la représentation de la ville.
Il a quelque temps nous avons pu lire dans la presse locale le fait que le président du cimetière de Valenton s’insurgeait contre tel ou tel projet. Qu’elle ne fut pas notre surprise de noter que le Président de cet organisme se nommait J-M BRETILLON.
Non pas, qu’en sa qualité d’ancien maire, il n’en a pas la compétence, mais il nous semble qu’il n’est plus élu, qu’il n’a pas souhaité rester au Conseiller municipal… à quel titre nous représente-t-il ? Et question subsidiaire, y- a-t-il des jetons de présence liés à cette fonction ?
Car le rapport existe quand même, et ce sera ma conclusion,
Ce Débat d'Orientation Budgétaire est le dernier de la mandature qui pourra se tenir dans un climat serein, le prochain et « vrai » dernier sera en mars 2020, mais par expérience j’ai compris que ce « vrai » dernier débat sera plus une reprise de la campagne qui se déroulera en même temps et la sérénité s’en ressent en général !
Alors, pour ce dernier débat, celui d’aujourd’hui, je voulais publiquement relever le changement d’approche que nous avons pu constater.
Nous vous remercions M. maire d’avoir arrêté de considérer que l’opposition n’était que des « empêcheurs de tourner en rond », qu’elle ne comprenait rien parce que différente (ou pas assez intelligente) et d’avoir mis dans nos discussions la mesure et le respect que nous appelions depuis trop longtemps de nos vœux.
Se respecter n’est pas adhérer à l’idée de l’autre, c’est simplement se dire que d’autres idées, tout aussi respectables que celles que l’on a soit, existent et qu’il convient, certes, de les combattre quand nous ne somme pas d’accord, mais toujours dans un esprit républicain.
Votre expression a changé, du coup votre majorité a positivement suivi et nous aussi.
Le pugilat permanent n’est plus de mise et c’est tant mieux.
Je ne crois pas pour autant vous avoir donné envie de rejoindre ma formation politique, ni vous de m’avoir attiré dans la votre. Mais une bonne idée qu’elle soit de gauche ou de droite reste une bonne idée. Merci de l’avoir compris.
Nous partageons un même constat de base, mais nous n’en tirons pas les mêmes conclusions et ne nous fixons pas les mêmes objectifs, c’est ce qui fait notre différence.
En ces périodes de pertes de repères politiques il est bon de réaffirmer qui nous sommes et pourquoi nous sommes différents.
Il y ceux qui croyaient que l’on pouvait être ni de droite, ni de gauche ou « en même temps » de droite et de gauche. 2 ans de macronisme nous ont prouvé le contraire.
Si la conjoncture évolue, la solidarité et l’humanisme restent des valeurs fortes, nous vous invitons à leur donner un sens concret et renforcé.
Nous vous remercions de votre attention.
Rien de nouveau sur la planète collectivités locales.
Certes ce Gouvernement est un peu revenu sur les baisses générales des dotations aux collectivités locales, mais nous restons la cible et un facile bouc émissaire du déficit public national.
Et dire, que les collectivités locales forcées d’être financièrement vertueuses, en ayant l’interdiction absolue de créer un quelconque déficit, sont montrées du doigt par un État central qui, tout en nous demandant la vertu financière, se complet dans des déficits abyssaux. J’ai toujours trouvé intrigant que le débat National se focalise sur la baisse des déficits budgétaires. En effet, qu’il soit grand ou petit un déficit reste une dette créée pour l’avenir. Certes une grande ou une petite dette, mais une dette quand même qu’il nous faudra payer un jour ou l’autre.
Si je pense que nous sommes en phase sur ce diagnostic, nous avons deux points d’achoppement :
- le premier est général et véritablement politique. Il s’agit de la péréquation. Nous sommes incroyablement attristés, qu’après autant d’années, vous continuiez à penser que la péréquation ne devrait pas être et qu’elle nous punirait injustement.
Nous pensons exactement le contraire, la construction de nos territoires ne plus se faire sur la base du chacun pour soi.
Nous savons, au delà de la qualité ou de la gestion, que des territoires sont bien moins lotis que d’autres, et parfois particulièrement bien moins lotis.
Comment ne pas comprendre qu’une ville comme la notre ne doivent pas contribuer à la solidarité envers celles qui n’ont rien ou qui ont beaucoup moins ?
Nous n’adhérons à cet égoïsme territorial et nous vous invitons à regarder notre ville comme l’élément d’un ensemble qui doit se développer de façon équilibrée et harmonieuse.
- Le deuxième point d’achoppement dans nos analyses respectives est cette tendance que vous avez à présenter les suppressions de dotations en oubliant de précisez que toutes ces sommes, je dis toutes ces sommes, qui vous ont prises dans la poche droite vous les avez reprises dans la poche gauche des Charentonnais et des Charentonnaises.
L’effet combiné de l’augmentation automatique des bases et les augmentations ou créations d‘impôts, aboutit à une évolution positive de notre budget de façon quasi ininterrompu.
Donc, oui, nous n’avons pas à accepter d’être montré du doigt et pris en otage par le Gouvernement, et notre groupe a soutenu toutes les démarches et vœux émis dans ce sens, mais de là à sombrer dans l’égoïsme territorial et le catastrophisme il y a un pas que nous ne franchissons pas pour notre part.
Notons à ce stade une vraie divergence dans nos analyses.
D’autant que vous avez choisi de faire de l’année 2019 une année solidaire et humaniste, j’ai presque l’impression en le disant de lire le titre du programme de Mme Bertrand !
Permettez-nous alors de vous inciter, presque vous provoquer, pour rendre tangible, ce qui pourrait être, sinon, interprété comme un coup de com’ de plus.
Quand on parle de solidarité et d’humanisme, le premier réflexe est de se tourner vers l’action sociale et son application.
La lecture du Rapport d’Orientation Budgétaire du C.C.A.S (Centre Communal d’Action sociale) est très intéressante à ce sujet et relativise cette démarche.
Nous l’avons déjà dit, il faut opérer un rééquilibrage entre les actions menées au profit de nos anciens et celles menées au profit des familles. Il ne s’agit bien sûr pas d’enlever à Paul pour donner à Jacques mais mieux prendre en compte les besoins des familles.
Rappelons-nous, pour bien comprendre les sommes qui vont suivre, que nos recettes budgétaires globales sont de l’ordre 70 Millions d’€ et que le budget du CCAS est de 1,5 M€.
Dans ce budget, nous pouvons suivre la mise en œuvre des nouvelles aides annoncées.
L’extension du Pass’sport à l’ensemble des collégiens, mesure que nous demandions et qui semblait presque exagérée venant de notre part coutera en définitive à la commune : 27,000 € de plus de précédemment.
Idem pour le « Pass’activité solo » qui aura un coup de 40.000 € et l’extension du Soutien à l’accueil des jeunes enfants pour un coup supplémentaire de l’ordre de 40.000 €.
Loin de nous l’idée de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Mais quand même, ajouter 100.000 € de dépenses à un organisme qui n’arrivait déjà pas à tout dépenser est-ce un acte de solidarité ?
Oui, bien sûr, mais ramené à sa portion congrue.
Vous savez, en ce moment dans notre pays, s’exprime un mouvement, dit des « gilets jaunes », sans revenir dessus, je veux simplement en tirer un élément : nous avons constater qu’il s’agissait de citoyens qui n’arrivaient à finir leurs fins de mois, en ayant pourtant un emploi.
Là, nous voudrions aborder l’impérieuse nécessité de revoir de fond en comble notre approche sur la tarification des services publics municipaux.
Bien sur, il vous faut étendre le principe du quotient familial à tous les services publics, le rendre plus équitable et proportionné là où il existe de façon un peu tronqué, mais aussi, et je pense au conservatoire notamment, là où il n’est pas encore mis en place.
Mais, parce que la population, dite des classes populaires et moyennes, nous l’exprime avec force aujourd’hui.
Aujourd’hui pour bénéficier du tarif le plus bas ou le second tarif de la grille, dans le cadre d’une famille traditionnelle avec les deux parents qui travaillent et ayant deux enfants, il faut pour le premier tarif avoir des revenus pour chacun des parents inférieur à 1.000 € par mois.
Qui dans cette pièce avec moins de 1.000 € par mois peut se payer autre chose que de faire survivre sa famille ?
Avec le Smic, qui se situe à 1.200 €, cette famille « type » passe dans la 2è tranche.
Même question, comment permettre à nos enfants de bénéficier de la restauration scolaire, d’une activité, de l’Espace jeunesse, etc… avec ce niveau de revenu et le coût qu’engendre l’actuel quotient familial ?
A notre niveau, nous devons impérativement entendre cet appel des français et la petite démonstration sur le coût réel de l’action sociale que nous venons de faire doit être notre guide pour relativiser l’effort que la collectivité doit entreprendre et nous montrer le chemin qu’il reste à parcourir.
Ce qui nous permet d’aborder un problème de fond, qui risque de nous emporter totalement dans la remise en cause que nous connaissons de notre rôle d’intervenant local.
Sommes-nous là pour offrir un service à la population ou pour rendre un service public ?
Au bout du compte le service sera rendu à la population…et pourtant, l’approche est diamétralement opposée.
La restauration scolaire, sous traitée,
Les crèches et haltes garderie de plus en plus sous traitées
La ramassage des ordures et la propreté de la ville sous-traitée,
Même la prévention est à présent sous-traitée,
Etc…
Par facilité, rapidité d’exécution, rentabilité, quelque soit la raison, souvent mauvaise, vous nous transformez en prestataire de service, loin de la notion de service public.
Alors allons plus loin dans votre logique, pourquoi ne deviendrions-nous pas une espèce de grande holding qui répartirai les marchés et les services à la population.
Nous aurions des clients, nous mettrions en place une notion de rentabilité et avec la puissance financière d’une commune nous pourrions même offrir des prestations très compétitives.
Rien qu’à mes propos vous comprenez que notre devoir est d’apporter un service public à nos concitoyens et pas seulement répondre à la satisfaction d’un besoin.
Parce que la notion de service public, même si nous crisons souvent sur les fonctionnaires, et consubstantielle à notre action et nos traditions.
Elle est signe de qualité, d’adaptabilité, d’écoute, d’égalité et d’évolution.
La facilité c’est la sous-traitance. Elle génère de plus en plus un regard consumériste quand il faudrait créer une notion de bien public.
Quoi qu’on en dise, les françaises et les français sont très attachés à leur service public, on l’entend tous les jours.
Se réfugier avec excès dans la sous-traitance c’est se tirer une balle dans le pied, c’est annihiler l’essence même de notre fonction de répartition de l’impôt, c’est laisser dire que nous sommes de moins en mois utiles et qu’il suffit, à un autre niveau, de déléguer nos compétences pour gagner en rentabilité et être plus forts dans les marchés confiés à la sous-traitance.
Ne soyons pas nous mêmes nos propres contradicteurs, ne nous donnons pas le bâton pour nous faire battre.
Si nous voulons affirmer avec force notre rôle de collectivité locale c’est dans le service public que nous le réaffirmerons, pas dans le simple service rendu au public.
Prenons l’exemple de la prévention, vous connaissez notre souhait de voir s’équilibrer les dépenses de sécurité et de prévention.
Mais, le fait que cette action soit sous-traitée brouille le message et son efficacité.
En effet, je vous le dis avec sérieux, j’ai été choqué de voir sur les réseaux sociaux une arrestation par notre police municipale d’un jeune dans les locaux de la prévention-médiation.
Comment créer un lien de confiance et d’adhésion, quand ces lieux ne sont pas, malgré la présence d’éducateurs spécialisés, sacralisés.
Qu’elle approche, quelle notion d’écoute, de protection ou de compréhension nous lançons dans ces situations ?
Une approche humaine, avec une connaissance parfaite du tissu local et une coordination locale dans des objectifs citoyens définis, voilà ce que nous apporterai un service public de la prévention.
Nous devons avoir une réflexion introspective, au delà du besoin immédiat, pour nous inscrire ou non dans la logique du service public.
Pour notre part, nous revendiquons le service public afin de rendre service au public, seule approche cohérente et facteur de cohésion.
C’est ce qui nous fait continuer à penser que l’organisation scolaire, par exemple, doit être regardé du point de vu de l’intérêt des personnes concernés, ici les enfants, avant de se poser la question de sa « rentabilité » économique.
C’est notre démarche environnementale, qui doit continuer à rester crédible et active, pour l’intérêt de la population. Avec, par exemple, la suppression du plastique, pourtant moins cher, ou la notion de « Famille zéro déchets » comme à Vincennes et Nogent ou encore finir, enfin, le parcours de pistes cyclable sur notre ville.
C’est aussi notre regard sur la culture, non comme un centre de coût, mais comme la possibilité de développer « l’esprit citoyen », de l’élever et le rendre apte à mieux comprendre le monde et ses contradictions.
Il y a manifestement des efforts qui sont faits pour améliorer l’accès à la culture, au travers de l’ouverture qui est faits aux élèves de la ville notamment. Cela doit aller plus loin encore et vers d’autres publics. Cette volonté d’ouverture ne devrait être qu’une première étape vers un processus qui fera du théâtre, de l’espace arts et liberté, du conservatoire, de réels vecteurs de la culture vers l’ensemble des Charentonnais et pas seulement des outils au service des écoles.
Le conservatoire et le théâtre particulièrement se doivent de sortir de leurs murs et investir l’ensemble des quartiers de la ville. Ça pourrait commencer avec un partenariat plus développé avec l’espace jeunesse.
Il nous semble nécessaire de développer une stratégie de développement un poil plus ambitieuse, et pour cela il faudrait évidemment y mettre les moyens adéquats. C’est bien d’aider à la création mais ce serait encore mieux d’aider aussi à la diffusion de ces œuvres, afin d’assurer un rayonnement culturel de la ville à l’extérieur et cibler des publics autres que Charentonnais.
C’est, aussi, notre vieux débat sur le besoin de décongestionner le collège public de Charenton, sans renvoyer ce problème à 15 ans. Pourquoi nos collégiens, génération après génération, auraient à subir cette promiscuité et garder de ce service public l’image d’un service au rabais.
Comme vous pouvez le constater la solidarité et l’humanisme ne s’improvisent pas et ont un sens profond.
Loin de nous l’idée de vous jeter la pierre de vous revendiquer de ces concept, au contraire, mais nous voulons vous affirmer que derrière les mots il y a un sens profond et que votre action, si elle s’en revendique, doit en tenir compte et notre constat est que vous pouvez mieux faire et vous devez mieux faire.
Je terminerai cette intervention par un élément qui n’a presque rien à faire dans ce débat, mais quand même. Il s’agit d’une interrogation sur la représentation de la ville.
Il a quelque temps nous avons pu lire dans la presse locale le fait que le président du cimetière de Valenton s’insurgeait contre tel ou tel projet. Qu’elle ne fut pas notre surprise de noter que le Président de cet organisme se nommait J-M BRETILLON.
Non pas, qu’en sa qualité d’ancien maire, il n’en a pas la compétence, mais il nous semble qu’il n’est plus élu, qu’il n’a pas souhaité rester au Conseiller municipal… à quel titre nous représente-t-il ? Et question subsidiaire, y- a-t-il des jetons de présence liés à cette fonction ?
Car le rapport existe quand même, et ce sera ma conclusion,
Ce Débat d'Orientation Budgétaire est le dernier de la mandature qui pourra se tenir dans un climat serein, le prochain et « vrai » dernier sera en mars 2020, mais par expérience j’ai compris que ce « vrai » dernier débat sera plus une reprise de la campagne qui se déroulera en même temps et la sérénité s’en ressent en général !
Alors, pour ce dernier débat, celui d’aujourd’hui, je voulais publiquement relever le changement d’approche que nous avons pu constater.
Nous vous remercions M. maire d’avoir arrêté de considérer que l’opposition n’était que des « empêcheurs de tourner en rond », qu’elle ne comprenait rien parce que différente (ou pas assez intelligente) et d’avoir mis dans nos discussions la mesure et le respect que nous appelions depuis trop longtemps de nos vœux.
Se respecter n’est pas adhérer à l’idée de l’autre, c’est simplement se dire que d’autres idées, tout aussi respectables que celles que l’on a soit, existent et qu’il convient, certes, de les combattre quand nous ne somme pas d’accord, mais toujours dans un esprit républicain.
Votre expression a changé, du coup votre majorité a positivement suivi et nous aussi.
Le pugilat permanent n’est plus de mise et c’est tant mieux.
Je ne crois pas pour autant vous avoir donné envie de rejoindre ma formation politique, ni vous de m’avoir attiré dans la votre. Mais une bonne idée qu’elle soit de gauche ou de droite reste une bonne idée. Merci de l’avoir compris.
Nous partageons un même constat de base, mais nous n’en tirons pas les mêmes conclusions et ne nous fixons pas les mêmes objectifs, c’est ce qui fait notre différence.
En ces périodes de pertes de repères politiques il est bon de réaffirmer qui nous sommes et pourquoi nous sommes différents.
Il y ceux qui croyaient que l’on pouvait être ni de droite, ni de gauche ou « en même temps » de droite et de gauche. 2 ans de macronisme nous ont prouvé le contraire.
Si la conjoncture évolue, la solidarité et l’humanisme restent des valeurs fortes, nous vous invitons à leur donner un sens concret et renforcé.
Nous vous remercions de votre attention.
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